Cameroun

Contexte pays

Dans la zone sahélienne du nord Cameroun, la majorité de la population dépend du lac Tchad et de ses deux affluents, le Chari et le Logone, pour l’irrigation. Dans cette région, le niveau de l’eau est en baisse constante. Il n’y a plus assez de terres, plus assez d’eau et il n’y a plus assez de nourriture pour les hommes et pour les animaux. Cette situation provoque des conflits et des déplacements de populations. En outre, les traditions culturelles interdisent fortement aux femmes de jouer un rôle plus actif dans le développement local.

Conditions de vie des femmes dans l'extrême Nord du Cameroun
L'Extrême-Nord est l'une des régions les plus peuplées du Cameroun (3,669,624 habitants en 2012), mais c'est une zone à écologie fragile à forte densité humaine entrainant une forte pression foncière et avec plus 70% de la population pauvre.

Malgré les efforts que les femmes fournissent pour leurs communautés dans cette région, elles sont victimes d'actes de violences qui ont conduit à la dévalorisation de leur statut social et économique. De manière particulière, elles n'ont pas accès au foncier du fait de l'insuffisance des terres cultivables et du fait du système traditionnel de gestion des ressources naturelles qui privilégie les hommes et exclue les femmes. Touchées par la pauvreté et les phénomènes d'exclusion sociale, les femmes et les jeunes filles sont victimes d'actes de violences et de discriminations de plusieurs natures telles que les excisions, les viols, les mariages précoces et forcés, les lévirats (loi coutumière qui oblige le beau-frère à épouser la veuve de son frère mort sans enfant afin de perpétuer le nom de ce dernier) et autres violences morales, économiques et politiques. La situation de la femme rurale n'a pas connue de changements notables du fait que les lois qui la protègent et la promeuvent n'ont pas été suffisamment diffusées et mises en œuvre sur le terrain. C'est ainsi que des actes de violences multiformes à l'égard de ces femmes dans les ménages, dans leurs communautés et dans leurs organisations, continuent d'être perpétuées sans que des données spécifiques à cette zone aient pu être collectées.

En effet, la société est inégalitaire et les pratiques traditionnelles et religieuses sont en défaveur de la promotion de la femme. Celles-ci sont donc victimes de violences tant physique, politique, économique, culturelle, sexuelle que psychologique du fait de la prédominance du système patriarcal.
Le Cameroun a réglementé les mariages par la ratification de plusieurs conventions internationales relatives à la promotion des droits humains et des politiques nationales. Dans l'article 52 de l'Ordonnance n° 81-02 du 29 juin 1982, il est stipulé qu' « aucun mariage ne peut être célébré si la fille est mineure de moins 15 ans [...] sauf dispense accordée par le président de la république pour motif grave ». Bien plus, dans la politique sectorielle du Cameroun en matière d'éducation, l'école primaire est obligatoire pour tous les enfants de 5 à 16 ans. Or le mariage précoce est encore pratiqué dans l'Extrême-Nord du Cameroun. Dans cette région, les filles de huit à dix ans sont mariées. Les mariages sont célébrés soient traditionnellement, soient religieusement et quelques rares fois à la mairie. On pourrait citer en exemple, les mariages qui se font et se défont au gré des individus sans se soucier de la jeune fille qui subit des outrages à mineurs, des mariages précoces et forcés, des violences physiques comme le harcèlement, les viols, et d'autres violences morales etc.

Malgré toutes ces dispositions légales et des faits avérés, l'État reste passif et laisse sévir cette pratique au grand malheur des filles et des femmes. Cette passivité s'explique par le fait qu'eu égard à la loi, des parents, des chefs religieux et traditionnels pratiquent ces unions illégales et non légitimes sous le regard de l'État, pourtant censé être le garant de la sécurité des citoyens mais qui reste sans réagir. Les auteurs de ces crimes ne sont même pas inquiétés et vivent en toute impunité alors que le Code pénal camerounais, notamment l'article 356, affirme qu': « Est puni d'un emprisonnement de 5 à 10 et d'une amende de 25 000 à 100 000 francs celui qui contraint une personne au mariage, celui qui donne en mariage une fille mineure de quatorze ans ou un garçon mineur de seize ans ».

Face à cet état de fait, les femmes continuent à subir ces pratiques traditionnelles et religieuses régressives avec comme conséquences une discrimination en défaveur de la promotion de la femme, et aussi des incohérences entres les textes qui traitent de la protection de la femme et de la jeune fille et la réalité.

ACORD Cameroun travaille avec les communautés camerounaises de cette région de l'extrême Nord pour améliorer la sécurité alimentaire au travers d'une meilleure gestion des ressources naturelles, et promeut et défend les droits des femmes et des filles de cette zone.

Projets en cours

ACORD est présente dans l’extrême nord du Cameroun depuis 2005. Son action est un prolongement de ses autres programmes dans la région du Sahel, notamment la zone du lac Tchad dont les ressources sont partagées entre les deux pays. ACORD s’emploie à améliorer les moyens d’existence des populations d’éleveurs grâce à une meilleure gestion des ressources naturelles et à la consolidation de la paix au sein des populations. Une attention particulière est portée sur le renforcement des moyens d’action des femmes.

>> Consolidation de la paix : ACORD facilite les rencontres participatives à la base avec les éleveurs, les agriculteurs, les pêcheurs et les autorités locales afin de les amener à prendre des décisions communes concernant le partage et la protection des ressources naturelles et la prévention des conflits.

>> Souveraineté alimentaire : ACORD fournit des intrants agricoles et du petit bétail aux ménages les plus démunis et assure la formation des agriculteurs et des éleveurs en vue d’accroître leur production et faire face à la saison sèche, tout en améliorant leur accès aux marchés locaux.

>> Genre :
 l'objectif global est de contribuer à la réduction des violences faites aux femmes et aux filles au Cameroun. Articulé autour d'une démarche holistique, le projet vise à faire la lumière de manière pertinente sur les causes et facteurs qui expliquent les pratiques en matière de violence faites aux femmes, d'en apprécier les impacts sur la vie des femmes elles mêmes dans le domaine sociopolitique et de construire avec les victimes et les acteurs stratégiques, un ensemble d'étapes pour atténuer de manière sensible la pratique de ces violences. La restauration de la dignité des femmes et des filles nécessite aussi de travailler sur l'accompagnement socio-économique des victimes pour qu'elles puissent assurer leurs moyens d'existence. ACORD se concentre sur deux objectifs spécifiques : 1. renforcer les acteurs communautaires locaux et la société civile rurale en vue de lutter efficacement contre les pratiques discriminatoires et les violences faites aux femmes et 2. renforcer les capacités socioéconomiques des femmes rurales victimes de violences basées sur le genre, en visant également la sécurité alimentaire de leur ménage.

Nos zones d’action au Cameroun

Les programmes d’ACORD sont situés dans l’extrême nord du Cameroun dans les comtés de Logone Birni, Waza et Zina. Ces projets sont coordonnés à partir de la ville de Maroua.


Situer ACORD au Cameroun sur une plus grande carte

Nos partenaires au Cameroun

ACORD travaille en collaboration étroite avec des organisations communautaires de base, avec les autorités locales et les structures traditionnelles locales.

En 2010, le plus grand partenaire bailleur de fonds au Cameroun a été Isle of Man Overseas Aid Committee.

Comment soutenir les communautés du Cameroun

Le changement climatique aggrave la pression sur les terres dans le nord du Cameroun. Votre soutien à ACORD cette année fera une grande différence pour les communautés qui luttent en vue d’atteindre leur sécurité alimentaire.

Pour en savoir plus sur nos actions au Cameroun, abonnez-vous à notre newsletter, visitez le bureau d’ACORD le plus proche ou appelez-nous.

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  • PDDAA

    “L’Afrique peut se nourrir par elle-même, alors qu’est-ce qui ne fonctionne pas? Regardez cette vidéo pour en savoir plus sur le PDDAA, la feuille de route du continent pour une agriculture durable.


    Plus d’infos sur nos actions en matière d’agriculture durable et de sécurité alimentaire ici»

    Contacts - Cameroun

    Vous êtes invités à communiquer avec le programme d'ACORD au Cameroun:

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    +237 778 53537


    Seid Sultane, Directeur de pays, ACORD Tchad et ACORD Cameroun