Mobiliser les communaut�s pour mettre fin aux violences � l’�gard des femmes

Les appels en faveur des droits des femmes et de leur émancipation résonnaient dans les rues de Mwanza durant la semaine de festivités organisées à l’occasion de la Journée Internationale de la Femme. Du 1er au 8 mars 2010, des cérémonies qui ont duré toute une semaine ont été organisées dans différents endroits de la ville de Mwanza, située sur les bords du Lac Victoria. Elles ont attiré de nombreux participants issus de divers secteurs de la vie sociale et politique tanzanienne, notamment les décideurs, les défenseurs des droits des femmes ainsi que les groupes d’actions communautaires.

Au cours d’une des cérémonies organisées au Gandhi Grounds, la Ministre Celina Kombani a appelé les femmes à être plus nombreuses à briguer des postes où elles pourraient influencer les décisions concernant les questions du genre. Elle a également exprimé son optimisme, du fait que le nombre de femmes occupant des postes de responsabilité avait augmenté durant les 15 dernières années. Elle a attribué ce succès, en partie à la volonté du Gouvernement de tenir la promesse de favoriser l’égalité des chances dans les emplois publics.

« Rien que dans la région de Mwanza, trois des huit commissaires de district sont des femmes, a-t-elle dit, avant d’ajouter que 109 des parlementaires sur 300 étaient des femmes.

Une discussion publique et une séance d’échanges organisée le 4 mars a vu la participation de plus de 400 personnes issues des différentes sections du secteur public, notamment les services de sécurité et du développement communautaire. Les membres de l’audience ont engagé des débats sur les questions des droits des femmes afin de mieux comprendre les facteurs locaux qui perpétuent l’impunité des violences sexuelles et celles basées sur le genre.

Plus de 70% des participants étaient des femmes. Cela vient confirmer le fait qu’au sein des communautés locales, il existe des questions concernant le genre et les droits des femmes qui exigent une action décisive.

Un membre du groupe communautaire des ‘’Jeunes pour les Jeunes’’ a fait observer que les hommes et les femmes avaient un rôle important à jouer, en faisant en sorte que les questions relatives au genre trouvent des solutions au sein des communautés de Mwanza. Il a appelé les membres du public et les groupes de défense des Droits de l’Homme à sensibiliser les députés pour qu’ils adoptent des sanctions plus sévères, notamment des amendes très élevées et des peines lourdes allant jusqu’à l’emprisonnement à vie à l’encontre des auteurs de violences graves.

La plupart des participants étaient d’avis que les hommes qui abusent de leur position de pouvoir pour abuser de jeunes filles et de jeunes femmes devaient être poursuivis devant la loi. Selon des sources locales à Mwanza, on avait constaté une augmentation des cas de politiciens et autres personnes influentes, qui usaient de l’intimidation pour abuser sexuellement des jeunes filles vulnérables ou profiter de la pauvreté qui prévaut dans la région pour obtenir indûment des faveurs auprès de ces jeunes filles.

Les participants se sont vu rappeler à plusieurs reprises la nécessité pour les communautés elles-mêmes de prendre des initiatives en vue de mettre fin aux violences à l’égard des femmes. « Nos communautés doivent saisir chaque occasion pour se donner les moyens d’agir afin d’être capables d’accélérer nos propres plans d’action au niveau communautaire. Nous ne devons pas attendre que le Gouvernement prenne des initiatives pendant que nous restons confortablement assis, les bras croisés. Nous pouvons planifier nos propres projets et mobiliser les communautés pour le développement durable et les droits des femmes ». Sakina, l’une des participantes.

En finir avec l’impunité et avec les violences basées sur le genre

Il est triste de constater que malgré l’existence de cadres appropriés pour la protection des droits des femmes, la violence sexiste continue de s’étendre dans les différentes communautés tanzaniennes. Ce phénomène peut être attribué aux systèmes sociaux actuels dans lesquels les hommes dominent et contrôlent les ressources et la prise de décisions. Selon une étude menée en 2009 dans les régions de Mwanza et de Shinyanga par l’organisation de défense des droits des femmes de Kivulini sur la situation des violences sexuelles et basées sur le genre, 72% des femmes considéraient ces violences comme des actes normaux et 30% avaient indiqué que les responsables locaux n’apportaient pas un soutien adéquat aux survivants d’abus sexuels.

Cependant, tout n’est pas perdu. Selon le responsable d’ACORD chargé des questions du genre en Tanzanie, Lokola Ndibalema, des efforts de collaboration sont en cours entre le Gouvernement tanzanien et les organisations de la société civile en vue d’améliorer la mise en œuvre des différentes politiques et des cadres juridiques concernant le genre.

« L’égalité des genres et le respect constituent la base d’un développement économique et social juste et équitable au sein des communautés », indique Lokola.

ACORD a dûment pris note du fait qu’en 2010, l’un des principaux défis à relever dans les efforts destinés à mettre fin à l’impunité des actes de violence sexiste reste le manque de connaissances suffisantes concernant les processus judiciaires, la justice transitionnelle et les Droits de l’Homme au sein des organisations communautaires et des communautés elles-mêmes.

Par ailleurs, les autres difficultés auxquelles il faudra s’attendre sont le caractère régional des conflits et la réalité du trafic d’êtres humains, qui est facilité par la perméabilité des frontières. ACORD exhorte tous les intervenants à maintenir le cap afin de mettre fin à l’impunité des violences basées sur le genre et défendre les droits des femmes. ACORD en a fait la priorité de son travail thématique au niveau panafricain. L’une de ces initiatives est le récent projet sous-régional financé par le fonds MDG3 du Gouvernement des Pays-Bas, dont l’axe principal est la lutte contre les violences à l’égard des femmes, avec un accent particulier sur les femmes et les filles en situation de conflit.

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